Publié le 15 mars 2024

Contrairement à l’image d’Épinal, la joie chez Renoir n’est pas une simple observation, mais une construction intellectuelle et picturale complexe, née de tensions et de doutes profonds.

  • Sa célèbre « crise » de 1883 révèle une quête artistique tourmentée, loin de l’insouciance apparente.
  • Sa technique des « ombres colorées » et son traitement du corps féminin montrent un travail obsessionnel sur la forme et la lumière.

Recommandation : Abordez ses toiles non pas comme des scènes de vie, mais comme des manifestes sur la manière dont la peinture peut créer la lumière, la forme et l’émotion.

Pierre-Auguste Renoir. Le nom seul évoque des après-midis ensoleillés au bord de l’eau, des visages souriants dans des guinguettes parisiennes, une sensation de bonheur palpable et lumineux. Pour beaucoup, il est l’incarnation de l’impressionnisme le plus joyeux, le peintre de l’instant fugitif et heureux. On admire ses toiles pour leur atmosphère insouciante, une célébration de la vie qui semble couler de source, sans effort. Cette vision, bien que réconfortante, ne raconte qu’une partie de l’histoire, la plus lisse, la plus évidente.

Car derrière le « peintre du bonheur » se cache un artiste bien plus complexe, un travailleur acharné et un esprit tourmenté par des doutes profonds sur son propre art. Et si la clé pour vraiment comprendre Renoir n’était pas de se laisser porter par la joie de ses tableaux, mais de déceler la tension picturale qui les sous-tend ? Si son bonheur n’était pas un état de fait, mais une construction délibérée, une victoire de la peinture sur les angoisses de la modernité ? Cet article propose de gratter le vernis de la facilité pour découvrir les failles, les crises et les obsessions qui ont fait de Renoir un géant de la peinture.

Nous explorerons ensemble comment la joie est méticuleusement orchestrée dans son plus grand chef-d’œuvre, avant de plonger dans la crise qui l’a poussé à rejeter l’impressionnisme. Nous aborderons ensuite les débats autour de sa représentation du corps féminin, percerons les secrets techniques de sa palette vibrante, et suivrons ses pas sur les lieux qui l’ont inspiré. Enfin, en le replaçant au sein de son époque et de son cercle d’amis et de rivaux, nous comprendrons comment son héritage trouve son écrin au cœur de Paris, au musée d’Orsay.

« Le Bal du moulin de la Galette » à la loupe : comment Renoir a peint la joie de vivre

Chef-d’œuvre de l’impressionnisme et icône du musée d’Orsay, Le Bal du moulin de la Galette (1876) est bien plus qu’une simple photographie d’un dimanche après-midi à Montmartre. C’est le manifeste de la « construction de la joie » de Renoir. L’artiste ne se contente pas de capturer une scène ; il l’orchestre. Il choisit ses modèles parmi ses amis, créant une atmosphère d’intimité et de familiarité. La composition, faussement désordonnée, guide l’œil à travers une foule animée où chaque regard, chaque sourire, chaque geste participe à une symphonie du bonheur collectif. L’œuvre est un tour de force qui a marqué son temps ; comme l’écrivait son ami Georges Rivière lors de sa présentation en 1877, c’est « une page d’histoire, un monument précieux de la vie parisienne, d’une exactitude rigoureuse ».

La véritable magie réside dans le traitement de la lumière. Renoir pulvérise la lumière du soleil filtrant à travers les acacias en une multitude de taches colorées qui dansent sur les vêtements et les visages. Cette lumière n’est pas réaliste, elle est émotionnelle. Elle unifie la scène, dissout les contours et transforme le bruit et l’agitation en une vibration joyeuse. En refusant les lignes dures et les ombres noires, Renoir ne peint pas des individus, mais l’énergie qui les relie. C’est une vision idéalisée de la vie moderne, une utopie populaire où les classes sociales se mêlent dans une communion festive. L’immense popularité du tableau, qui perdure aujourd’hui, en est la preuve : le musée d’Orsay, qui abrite le célèbre tableau, attire chaque année plus de 3,2 millions de visiteurs rien qu’en 2022, venus chercher cette parcelle de bonheur peint.

La « crise » de Renoir : pourquoi il a subitement abandonné l’impressionnisme (et ce que ça nous dit sur lui)

À peine quelques années après le triomphe du Moulin de la Galette, un doute profond s’empare de Renoir. Au début des années 1880, alors au sommet de sa période impressionniste, il ressent un sentiment d’impasse, une insatisfaction fondamentale qui le pousse à une remise en question radicale. Cette « crise » n’est pas un simple caprice stylistique, mais une véritable rupture intellectuelle avec les principes mêmes qu’il avait contribué à forger. Il estimait que la quête de l’instant fugitif et de la sensation lumineuse menait à une dissolution de la forme, à une perte de la structure et du dessin.

Métaphore visuelle de la transformation artistique de Renoir avec pinceaux et pigments

Cette période de doute, qu’il nommera plus tard sa « période ingresque » ou « sèche », est déclenchée par un voyage décisif en Italie en 1881. La découverte des fresques de Pompéi et, surtout, des œuvres de Raphaël au Vatican, est un choc. Il y retrouve la pureté de la ligne, la solidité des formes et la clarté de la composition qui, selon lui, manquaient à l’impressionnisme. Il cherche alors une synthèse impossible : unir la luminosité de sa palette impressionniste à la rigueur du dessin classique. Cette tension picturale entre la ligne et la couleur, entre l’éternel et l’éphémère, deviendra le moteur de son œuvre pour les décennies à venir. C’est la preuve que Renoir n’était pas qu’un peintre de l’instinct, mais un artiste en quête constante, conscient des limites de son propre langage.

Vers 1883, il s’est fait comme une cassure dans mon œuvre. J’étais allé jusqu’au bout de l’impressionnisme et j’arrivais à cette constatation que je ne savais ni peindre ni dessiner. En un mot, j’étais dans une impasse.

– Auguste Renoir, cité par Ambroise Vollard

Renoir était-il misogyne ? Le débat autour de sa représentation des femmes

La question est régulièrement posée, notamment face à ses nus tardifs, opulents et sensuels. Certains critiques y voient une objectification du corps féminin, réduit à une masse charnelle offerte au regard masculin, s’appuyant parfois sur des propos rapportés de l’artiste, connus pour son franc-parler. Cependant, réduire la vision de Renoir à cette seule lecture serait ignorer la complexité de son approche et le contexte de son époque. Ses modèles, comme Lise Tréhot ou Gabrielle Renard, n’étaient pas de grandes bourgeoises mais des femmes du peuple, incarnant une vitalité et une liberté nouvelles pour la « Parisienne » de la IIIe République.

Plutôt qu’un regard de prédateur, Renoir semble porter sur ses modèles un regard de peintre obsédé par la manière de rendre la texture de la peau, la vibration de la chair sous la lumière. Pour analyser son œuvre avec justesse, il faut distinguer trois aspects clés :

  • Le contexte social : les relations amoureuses et la représentation du nu étaient encore très codifiées par les conventions bourgeoises, que Renoir et les impressionnistes bousculaient.
  • L’homme et l’œuvre : il est essentiel d’opposer ses paroles parfois provocatrices à son traitement pictural, qui célèbre presque toujours une sensualité douce et jamais vulgaire.
  • La femme comme « force de la nature » : dans ses dernières œuvres, le nu féminin se fond dans le paysage. La femme devient un corps-paysage, une figure presque païenne en communion avec les éléments, loin d’une simple scène d’intérieur.

En fin de compte, le débat reste ouvert. Mais il est certain que Renoir ne peint pas la femme psychologique ou intellectuelle. Il peint la femme comme une incarnation de la vie, de la nature et, surtout, comme un prétexte sublime à l’expérimentation picturale sur la couleur et la lumière.

Le secret des couleurs de Renoir : comment il faisait « chanter » sa palette

Si la joie émane des toiles de Renoir, c’est avant tout grâce à sa maîtrise phénoménale de la couleur. Son secret ne réside pas dans des pigments rares, mais dans une technique révolutionnaire qu’il a développée avec Monet : l’ombre colorée. Avant les impressionnistes, une ombre était une absence de lumière, traditionnellement peinte avec du noir ou des bruns sombres. Renoir, lui, refuse le noir, qu’il considère comme une « non-couleur ». Pour lui, une ombre est une lumière différente, moins intense, et donc, elle doit être colorée.

Il utilise alors des mélanges de bleus, de violets, de verts et de bruns pour créer des ombres qui vibrent et qui vivent. Cette technique, qu’il perfectionne à La Grenouillère en 1869 en peignant les reflets de l’eau, permet de donner une unité lumineuse à toute la toile. La lumière et l’ombre ne s’opposent plus, elles dialoguent dans une même harmonie colorée. C’est ce qui donne à sa peinture cette sensation de chaleur et d’éclat permanent. Sa palette, souvent limitée à quelques couleurs pures, est posée en petites touches juxtaposées qui se mélangent dans l’œil du spectateur, créant une impression de mouvement et de vie intense.

Cette passion pour la couleur ne l’a jamais quitté, même dans les pires épreuves. Atteint d’une polyarthrite rhumatoïde déformante, il a continué à peindre durant les 16 dernières années de sa vie en se faisant attacher les pinceaux aux mains. Cette détermination farouche à faire « chanter » sa palette jusqu’à son dernier souffle témoigne de la place centrale de la couleur dans sa quête artistique : elle n’est pas un décor, elle est le sujet même de sa peinture.

Sur les pas de Renoir : un itinéraire pour retrouver les couleurs de l’impressionnisme

L’art de Renoir est profondément ancré dans les paysages de l’Île-de-France, qui offraient à la fois la lumière changeante et les scènes de vie moderne qu’il chérissait. Pour comprendre d’où viennent les couleurs et les ambiances de ses toiles, il faut quitter les musées et marcher dans ses pas. Cet itinéraire permet de confronter la réalité des lieux avec leur sublimation par le pinceau de l’artiste, une expérience essentielle pour tout amateur.

Vue panoramique des bords de Seine à Chatou avec reflets dorés sur l'eau

L’immersion commence à Paris, sur la butte Montmartre, qui était encore un village parsemé de moulins et de jardins à son époque. C’est là qu’il a peint certaines de ses œuvres les plus célèbres. Ensuite, il faut suivre le cours de la Seine vers l’ouest, là où les Parisiens venaient en train pour canoter et danser le dimanche. Ces bords de Seine, de Bougival à Chatou, sont le cœur battant de l’impressionnisme de Renoir. Voir les reflets du soleil sur l’eau à La Grenouillère ou s’attabler à la Maison Fournaise, c’est toucher du doigt l’inspiration du Déjeuner des canotiers.

Votre feuille de route pratique : circuit Renoir en Île-de-France

  1. Musée de Montmartre : Commencer par l’ancien jardin de la rue Cortot où Renoir avait son atelier et peignit Le Bal du moulin de la Galette.
  2. Moulin de la Galette : Se rendre sur le site du célèbre moulin pour imaginer l’ambiance de la guinguette.
  3. Maison Fournaise à Chatou : Découvrir le restaurant au bord de l’eau, cadre exact du Déjeuner des canotiers.
  4. Bords de Seine à Bougival : Explorer les paysages qui ont inspiré les scènes de canotage et le site de La Grenouillère.
  5. Musée d’Orsay : Terminer la boucle en confrontant les lieux réels aux chefs-d’œuvre pour mesurer le génie de la transformation picturale.

La face cachée de l’impressionnisme : quand Degas et Manet peignaient la solitude des cafés parisiens

La vision joyeuse et lumineuse de Renoir, si emblématique de l’impressionnisme, ne doit pas faire oublier qu’elle n’était qu’une facette du mouvement. D’autres artistes, tout aussi importants, portaient un regard bien plus sombre et critique sur la même vie parisienne. Edgar Degas, en particulier, offre un contrepoint saisissant. Là où Renoir peint la communion et la fête, Degas peint l’isolement et l’aliénation, comme dans sa célèbre toile L’Absinthe, qui montre un couple prostré et silencieux à la terrasse d’un café.

Ce contraste s’explique en partie par leurs origines et leurs tempéraments. Renoir, fils d’artisan, est à l’aise au milieu du peuple et de ses joies simples. Degas, issu de la haute bourgeoisie, observe ce même monde avec la distance d’un sociologue, fasciné par la solitude des individus dans la foule. Leurs palettes reflètent cette opposition : chaude et solaire chez Renoir, souvent plus froide et artificielle chez Degas, qui privilégie les lumières crues des intérieurs. Cette divergence montre que l’impressionnisme n’était pas un style monolithique, mais un ensemble de réponses individuelles à la question : « comment peindre la vie moderne ? ». La joie de Renoir est donc un choix artistique et philosophique, non une simple évidence.

Ce tableau comparatif illustre parfaitement ces deux visions opposées de la modernité parisienne, qui coexistaient au sein même du groupe impressionniste. Il met en lumière le parti pris unique de Renoir pour la célébration de la vie.

Renoir vs Degas : deux visions opposées de la vie parisienne
Aspect Renoir Degas
Vision sociale Communion, joie collective Isolement, aliénation
Origine sociale Fils d’artisan Aristocrate
Palette Couleurs chaudes, lumineuses Tons froids, sombres
Sujets privilégiés Fêtes populaires, bals Cafés, solitude urbaine

Derrière chaque grand artiste se cache une bande de potes (ou de rivaux)

L’impressionnisme n’est pas né du génie isolé d’un seul homme, mais de l’émulation, de l’amitié et de la collaboration d’un groupe d’artistes soudés par le rejet de l’art officiel. Le noyau dur, formé en 1862 dans l’atelier du peintre Charles Gleyre, était composé de Renoir, Monet, Sisley et Bazille. Ces quatre amis partageaient le même désir de peindre en plein air et de capturer les effets changeants de la lumière. Leur camaraderie était à la fois un soutien moral face aux critiques acerbes et un puissant moteur d’innovation.

L’été 1869 à La Grenouillère est un moment fondateur. Renoir et Monet, installant leurs chevalets côte à côte, expérimentent ensemble une nouvelle manière de peindre. Ils fragmentent leur touche, juxtaposent des couleurs pures et travaillent à une vitesse inédite pour saisir les reflets sur l’eau. C’est dans cette fraternité artistique que les bases techniques de l’impressionnisme sont véritablement posées. Mais le groupe n’était pas seulement constitué d’amis. Des personnalités comme Gustave Caillebotte, riche collectionneur et peintre lui-même, jouèrent un rôle crucial de mécène, achetant des œuvres pour soutenir financièrement ses amis. C’est lui qui acheta Le Bal du moulin de la Galette et le légua à l’État français.

Enfin, la figure du marchand d’art Paul Durand-Ruel fut déterminante. Plus qu’un simple vendeur, il fut le banquier, l’agent et le soutien psychologique de Renoir et de ses compagnons. En croyant en leur art et en organisant leurs expositions à Paris, Londres et New York, il leur a offert la visibilité et la survie économique nécessaires dans les années difficiles, pariant sur un art que personne d’autre ne voulait acheter.

À retenir

  • La joie chez Renoir est une construction artistique et intellectuelle, et non une simple retranscription de la réalité.
  • Sa « crise ingresque » révèle un artiste tourmenté par la forme et le dessin, cherchant à dépasser les limites de l’impressionnisme.
  • Sa technique (ombres colorées, refus du noir) et ses relations avec ses pairs (collaboration avec Monet, opposition à Degas) sont essentielles pour comprendre son œuvre.

Orsay : bien plus que Monet, le musée qui raconte la naissance de notre monde moderne

Si l’on devait choisir un seul lieu pour embrasser l’œuvre de Renoir et l’époque qui l’a vu naître, ce serait le musée d’Orsay. Bien plus qu’un simple écrin pour les Nymphéas de Monet, Orsay est le musée de toute une génération d’artistes qui ont peint la naissance du monde moderne. L’histoire même du bâtiment est une métaphore de cette transition : une gare monumentale, symbole de la révolution industrielle et du progrès technique, transformée pour abriter les œuvres qui dépeignent les nouveaux loisirs et la nouvelle société rendus possibles par ce même progrès.

Pour l’amateur de Renoir, Orsay est un lieu de pèlerinage incontournable. Aujourd’hui, le musée d’Orsay conserve 81 peintures de Renoir, offrant un panorama exceptionnel de toutes ses périodes, de ses premières œuvres aux nus monumentaux de la fin de sa vie. On peut y suivre son évolution, comparer ses toiles avec celles de ses contemporains, et comprendre physiquement les dialogues, les influences et les oppositions qui structuraient le monde de l’art de la fin du XIXe siècle. Voir Le Bal du moulin de la Galette à quelques salles de L’Absinthe de Degas est une leçon d’histoire de l’art en soi.

Visiter Orsay, ce n’est donc pas seulement admirer des chefs-d’œuvre. C’est comprendre comment la peinture s’est emparée des mutations de la société, comment des artistes ont inventé un nouveau langage pour dire leur temps. Renoir, avec sa quête de beauté et d’harmonie au milieu du tumulte, y occupe une place centrale, non comme le témoin naïf d’une époque heureuse, mais comme l’un de ses interprètes les plus subtils et les plus volontaires.

Pour mettre en pratique ces conseils, l’étape suivante consiste à redécouvrir ces œuvres par vous-même, armé de ces nouvelles clés de lecture, lors de votre prochaine visite au musée d’Orsay.

Questions fréquentes sur l’univers de Pierre-Auguste Renoir

Qui étaient les quatre amis de l’atelier Gleyre ?

En 1862, dans l’atelier du peintre académique Charles Gleyre, Pierre-Auguste Renoir a rencontré Claude Monet, Alfred Sisley et Frédéric Bazille. Ces quatre jeunes artistes, unis par leur rejet de l’enseignement traditionnel et leur passion pour la peinture en plein air, formeront le noyau dur du futur groupe impressionniste.

Quel rôle a joué Gustave Caillebotte pour Renoir ?

Gustave Caillebotte, peintre talentueux et héritier d’une grande fortune, fut le premier et le plus important mécène des impressionnistes. Il a soutenu financièrement ses amis en achetant leurs toiles lorsque personne n’en voulait. Il a notamment acquis Le Bal du Moulin de la Galette en 1879, qu’il a ensuite légué à l’État français à sa mort en 1894, permettant ainsi à l’œuvre d’entrer dans les collections nationales.

Comment Paul Durand-Ruel a-t-il soutenu Renoir ?

Le marchand d’art Paul Durand-Ruel a été bien plus qu’un simple intermédiaire pour Renoir et les impressionnistes. Il a agi comme leur agent, leur banquier et leur soutien moral. Dans les périodes de grande difficulté financière, il achetait leurs toiles, leur avançait de l’argent et organisait des expositions à Paris, Londres et New York, contribuant de manière décisive à leur reconnaissance internationale.